S’il y a bien quelque chose que j’apprécie lorsque je suis dans mon jardin, c’est le calme et le fait de me sentir chez moi. Lorsque j’ai acheté ma maison, j’avais un « magnifique » vis-à-vis avec mes voisins d’en face. Je dois avouer que cela ne m’enchante pas vraiment de savoir que mes voisins ont une vue plongeante dans mon jardin. Il fallait remédier à cela et trouver un arbre pour le cacher !
Il existe assez peu d’options pour masquer un vis-à-vis lorsque celui-ci monte à plus de 6 mètres… J’ai donc opté pour l’option la plus sympa et qui, en plus, racontera une histoire : planter un arbre qui grandira avec mes enfants !
Par contre, planter un arbre et devoir attendre 5 ou 10 ans qu’il ait la taille pour enfin masquer ce vis-à-vis ne m’a pas vraiment motivé. Alors je me suis mis à la recherche d’une pépinière de grands arbres.
J’ai découvert après quelques semaines de recherches mon bonheur avec la pépinière Thuilleaux.
Depuis 1650, les pépinières Thuilleaux sont spécialisées dans la production de grands arbres et de gros conifères en Ile-de-France. Nos plantations vous offrent un très grand choix de plus de 30.000 arbres et conifères de 3 à 13 mètres de hauteur livrés en mottes grillagées ou en bacs bois selon leur tailles.
Après un appel à la pépinière, je réserve un créneau pour découvrir toute leur offre. J’avoue que je ne savais pas forcément ce que je cherchais donc j’avais besoin de conseils !
J’ai été vraiment bien accueilli et les arguments de cette pépinière étaient très intéressants (notamment le fait qu’ils ne proposent que des arbres/végétaux rustiques aptes à résister à ma région).
si dans le choix de ces espèces exotiques on peut comprendre les motivations de retrouver les plantes qui sont synonymes de chaleur et de vacances, de désirer des arbres à feuillage persistant et pour certain concepteur de rechercher une originalité facile à court terme. Il faut savoir garder les pieds sur terre et respecter les règles de bases du végétal (adaptation au contrainte de sol, du climat et de l’environnement), du développement durable (variété produite localement et s’intégrant dans le paysage) et une gestion optimum des budgets espaces verts (rapport qualité/prix et longévité de l’investissement arbres). Pour toutes ces raisons nous ne pouvons cultiver et vendre des arbres exotiques (olivier, chêne vert, …) contraires à notre métier de producteur local de plantes résistantes et durables.
En arrivant à la pépinière, la visite des 100Ha de plantations est réalisée à bord d’un 4×4 ou j’ai la chance de profiter des conseils du propriétaire des lieux. Très rapidement, je m’oriente vers un arbre que j’apprécie tout particulièrement… le Liquidambar. C’est un arbre avec des feuilles palmées, une écorce très particulière, résistant aux maladies et qui, surtout, a une pousse assez rapide. Les couleurs en Automne sont magnifiques avec un beau rouge éclatant… bref, mon coup de coeur !
Je vous conseille de choisir votre arbre en été lorsque toute les feuilles sont déployées. La pépinière vous le réserve et vous livre après la chute des feuilles (Octobre/Novembre). C’est le moment le plus frustrant car, une fois l’arbre choisi, il faut attendre plusieurs mois avant de pouvoir le planter !
Quelques jours avant son arrivée à la maison (je me suis fait livrer par camion étant donné la taille de l’arbre : 6 mètres), j’ai commencé à faire le trou qui l’accueillerait.
J’étais plein de motivation en débutant mon trou car je ne savais pas encore la galère que ce serait d’en réaliser un aussi grand avec une simple pelle !! Il faut, en effet, faire un trou de deux fois la largueur de la motte (pour moi… 2 mètres).
Attention de respecter la législation en vigueur sur les plantations (2 mètres du mur mitoyen pour un arbre de plus de 2 mètres par exemple). Je fais donc mes repères et je débute mon trou à la pelle…
Au début, rempli de motivation, tout va bien puis peu à peu, avec le temps qui passe, je me rends compte que c’est nettement plus long que ce que je pouvais imaginer ! La prochaine fois, je loue une mini-pelle !
Ce n’est pas non plus hors de portée mais l’originalité de la chose, c’est le fait de trouver des strates de terre de plus en plus compactes en profondeurs avec quelques surprises (gravats, déchets, …).
Petit conseil, lors de l’ouverture de la fosse de plantation, séparer la terre arable de la terre de profondeur, moins riche en matières organiques.
Mais HEUREUSEMENT… j’avais la meilleure main d’oeuvre du monde ! Ma fille était persuadé que je creusais un trou pour qu’on parte en vacances en chine ensemble (elle était un peu déçue quand je lui ai dit que c’était pour planter un arbre…
Quelques jours plus tard (j’ai fini mon trou juste à temps pour la livraison), un camion s’est chargé de déposer l’arbre directement dans le trou. J’avais de la chance que la grue puisse passer au dessus de la haie car je ne me voyais pas transporter l’arbre à la main…
Lors de la plantation, il ne faut pas retirer le grillage car celui-ci est biodégradable et permet de maintenir les racines bien compactes.
Etant donné que j’étais seul pour manipuler l’arbre et bien l’orienter, la seule manière d’y arriver était de gorger un peu le trou avec de l’eau (merci maman pour le conseil). Ensuite, on sort ses muscles et on positionne correctement l’arbre.
Sympa déjà !
Il faut ensuite redistribuer le reste de la terre pour combler le solde du volume de la fosse et en milieu de rebouchage, la pépinière conseille d’ajouter des mycorhizes (nettement mieux que de l’ajout d’engrais en tout genre).
Les mycorhizes sont des champignons des racines. Les mycorhizes vivent à l’intérieur et à l’extérieur des racines des arbres. Elles reçoivent de la plante les sucres indispensables à leur croissance. En échange de cette source d’énergie, elles absorbent l’eau et les éléments nutritifs et les transmettent à l’arbre ou à la plante, selon ses besoins. Ces mycorhizes augmentent naturellement la capacité de nos grands arbres à se nourrir, croître et résister aux stress.
Ensuite, on poursuit le rebouchage en prenant soin de ne pas enterrer ni le collet, ni la motte sous plus de 10 cm de terre. J’ai réalisé une cuvette dont les bords mordent au-dessus de la motte afin qu’elle profite de la totalité de l’eau fournie à chaque arrosage. Et enfin, je termine en noyant la cuvette avec beaucoup d’eau pour permettre à la terre de se mettre en place et de réduire toutes les cavités d’air dans la motte.
Voilà, en schéma, à quoi cela doit ressembler :
Je n’ai pas de photo malheureusement lorsque la motte était totalement recouverte mais je peux vous confirmer que l’arbre a bien pris pendant l’hiver et le printemps. J’ai eu assez peur de la prise étant donné l’hiver particulier que nous avons eu en région parisienne (doux et très pluvieux). J’ai planté mon arbre fin Novembre et les premiers bourgeons sont apparus mi Avril.
J’ai bien pris soin d’arroser l’arbre régulièrement (pas trop non plus car c’est néfaste) et les feuilles ont continué à bien grandir ! Le résultat mi Mai :
Le vis-à-vis commence à s’estomper, je suis vraiment content du résultat.
Puis fin Mai (soit 2 mois après les premiers bourgeons) :
et finalement, voici le rendu du premier été de mon liquidambar avec de magnifiques feuilles bien ouvertes :
Pour un premier été (et donc des racines encore en motte), le résultat est vraiment satisfaisant. Les feuilles devraient être encore plus grosses l’année prochaine. Photo au mois d’Aout :
Dans 2 ans, le vis-à-vis devrait être totalement masqué et je ne verrais plus cette maison du printemps à l’Automne. En plus du résultat, c’était un beau projet avec la recherche d’un arbre, la plantation et le suivi ces derniers mois. L’arbre pourra grandir avec mes enfants et nous nous souviendrons l’avoir planté en arrivant dans notre nouvelle maison !
N’hésitez pas à poser toutes vos questions dans les commentaires ou sur le forum.
A bientôt sur ZoneTravaux.
Bravo pour cette belle initiative! J’ai planté avec mon père mon premier arbre à l’âge de 18 ans, et j’aurais l’avoir fait plus tôt!
Vraiment super sympa de ce retour d’expérience. Et surtout les photos avant/après parlent d’elles-même. Par contre, c’est clair que décaisser à la pelle (manuelle) sur 2m de profondeur n’est pas à la portée de tout le monde … et n’est d’ailleurs peut-être même pas possible sur tous les sols.
Sinon, je me demandais aussi si la hauteur des arbres n’était pas réglementée. Peut-on réellement planter l’arbre que l’on souhaite chez soit ? Même en lotissement ?
Ah, autre chose aussi : comment s’assurer que l’arbre est bien d’aplomb et comment le maintenir dans la bonne position ?
Bonjour Marie et merci de ton commentaire.
Le décaissement n’était « que » d’un mètre mais honnêtement, c’est vraiment fastidieux à la pelle et, comme tu le précises, ce n’est pas dit qu’il soit possible de le faire sur tous les sols.
En termes de réglementations, oui, il faut en tenir compte avant de planter. Le site du gouvernement est d’ailleurs plutôt bien fait et explicite : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F614
Hauteur de la plantation : Inférieure ou égale à 2 mètres
Distance minimum à respecter en limite de propriété : 0,5 mètre
Hauteur de la plantation : Supérieure à 2 mètres
Distance minimum à respecter en limite de propriété : 2 mètres
/!\ les règles de votre commune peuvent prévaloir sur celle du gouvernement (il est important d’aller voir l’urbanisme de votre ville avant de planter)
Pour s’assurer que l’arbre est d’aplomb lors de la plantation, il est recommandé d’effectuer un tuteurage. Cela permet à la fois de maintenir l’arbre en place mais aussi de s’assurer que celui-ci est d’aplomb (3 ou 4 tuteurs fonction de la taille de l’arbre).
Ben franchement chapeau, je crois que j’aurais jamais eu le courage de creuser un trou aussi gros avec une simple pelle à main… (forcément, je suis conducteur de pelle) ^^
A+
Avec le recul… je ne l’aurais pas fait non plus à la pelle à main 🙂
Après, la location d’une mini pelle c’est quoi 300 € la journée non ?
ça fait cher le trou…
Bonjour, vous ne connaissez pas un endroit sur Rouen qui loue une mini pelle ?
Vraiment merci pour ce retour d’expérience ! les photos sont explicites et donnent un bon aperçu des étapes. Pour le décaissement j’aurais tout de même choisis la solution d’une mini-pelle 🙂
Bonjour Laurent,
Vince est plutôt sportif alors pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour s’entretenir un peu 😛
Merci pour ton commentaire.